Les eczémas de contact touchent de très nombreux patients.
De l’enfant à l’adulte, de « Monsieur tout le monde » aux professionnels.
La prise en charge ne doit plus être stéréotypée car si les formes simples peuvent bénéficier de traitements locaux classiques par des dermocorticoïdes, les
formes récidivantes ou aigues doivent absolument bénéficier d'un
bilan allergologique.
Cette dermatose est due à une sensibilisation à des substances en contact avec le revêtement cutané, suivie d'une réaction immunitaire qui fait intervenir
l'hypersensibilité retardée.

L'eczéma se caractérise cliniquement par une
phase érythémateuse initiale, plus ou moins
rouge et congestive, avec apparition rapide de
vésicules à sérosité claire. Le tout est
prurigineux et amène des
croûtes recouvrantes qui guérissent assez rapidement en cas d'arrêt du contact allergénique.
Comment devient-on allergique ?
L'eczéma de contact évolue en deux phases:
1. Phase de sensibilisation : cette phase peut durer de quelques jours à plusieurs années.
Le produit sensibilisant exogène est le plus souvent un haptène, c'est à dire une substance non immunogène par elle même, qui pénètre dans la peau, où elle s'associe à une molécule porteuse
pour former un couple haptène-protéine qui constitue l'allergène complet.
L'allergène est pris en charge par les cellules (cellules dendritiques) de l'épiderme. Une r
éaction complexe s’organise, avec
activation des lymphocytes T « naifs » qui prolifèrent et
se différencient alors en Lymphocytes T "mémoires" circulants qui vont pouvoir retourner vers l'épiderme si l'antigène est réintroduit. Cette première phase dure 10-15 jours chez l'homme. Elle est
cliniquement
asymptomatique (silencieuse).
2. Phase de déclenchement: elle survient chez un sujet sensibilisé, 24 à 48 heures après un contact
avec le même antigène/haptène. Cela induit la
production des lymphocytes T CD4+ et CD8+ " mémoires " qui jouent un rôle effecteur essentiel dans le déclenchement des lésions . Cela
entrainent par le biais de polynucléaires, macrophages et monocytes une
inflammation et contribuent aux destructions locales.
Cette migration est active en 24 à 72h (d'où le nom d
'hypersensibilité retardée).
L’aspect de l’eczéma , dans sa forme typique: Eczéma aigu évolue en quatre phases successives, le plus souvent intriquées:
*
phase érythémateuse: placard érythémateux ( rouge)
*
phase vésiculeuse: vésicules ( très petites bulles ) remplies de liquide clair, confluant parfois en
bulles
*
phase suintante: rupture des vésicules, spontanément ou après grattage
*
phase desquamative, suivie d'une guérison sans cicatrice Les lésions sont extrêmement prurigineuses (
ça gratte ).
Il existe de nombreuses autres formes : En fonction de la topographie, en fonction de l’aspect , en fonction de l’évolution dans le temps.
La plupart des eczémas de contact sont liés à des allergènes bien identifiés
et regroupés selon les habitudes géographiques dans des "batteries" de test. En Europe, la batterie ICDRG (International Contact Dermatitis Group) est capable de déterminer l'étiologie de 80% des
causes d'eczémas.
L’identification se fait par les
patchs
tests.
Allergènes suspects Les allergènes les plus fréquents sont les métaux, en particulier le
nickel.
On trouve également
la fragrance, le baume du Pérou, le colophane,
les parabens ect … D’autres peuvent être classé en fonction de leur utilisation et sources :
1. Allergènes professionnels
-
Métiers du bâtiment: sels de chrome (ciment), cobalt (peinture,
émail), résines époxy (colle, vernis, peinture), formaldéhyde (colle, textile), térébenthine (menuiserie, peinture), colophane (gants, pneus)...
- Coiffeurs: paraphénylène diamine et paratoluène diamine (teintures), thioglycolate (permanentes), caoutchouc (gants), conservateurs (shampoings),
nickel (instruments)...
- Métiers de l'industrie : huiles de coupe, détergents, résines acryliques, bois exotiques…
- Professions de santé: antiseptiques (iodés, mercuriels, hexamidine), pénicillines, aminosides, anti-inflammatoires non stéroïdiens, phénothiazines, anesthésiques locaux, caoutchoucs
naturels (latex) ou synthétiques (thiurams) (gants et matériels divers), acrylates des résines composites (prothésistes)...
- Horticulteurs: lactones sesquiterpéniques (ex: chrysanthèmes), primevères, pesticides, gants...
2. Médicaments topiques
Les topiques les plus fréquemment en cause sont:
néomycine, antiseptiques iodés et mercuriels, AINS, topiques anti-prurigineux, baume du Pérou… Le sparadrap (colophane) peut également être en cause.
Les corticoïdes locaux peuvent se comporter comme des allergènes et induire des sensibilisations. Il faut penser à cette éventualité chez les patients qui appliquent de manière
régulière des corticoïdes topiques ou dont les lésions sont non améliorées ou aggravées par l'application de corticoïdes..
3. Cosmétiques Les lésions sont plus fréquentes chez les femmes. Elles prédominent sur le visage.
4. Produits vestimentaires colorants et apprêts textiles, cuir, colle des chaussures, caoutchouc bijoux
fantaisie ou des accessoires (montre, boucle de ceinture).
Quoiqu'il en soit ces données ne sont qu'indicatives et ne remplacent pas une
enquête allergologique complète réalisée par un
allergologue qualifié. Le traitement étiologique sera en cas d'allergie, le traitement de cette allergie soit une éviction.
Dr Georges SEBATIGITA